LE MONDE | 12.03.09 | 14h36 • Mis à jour le 12.03.09 | 14h36
STOCKHOLM CORRESPONDANCE
Ils avaient beau s'y attendre, les Norvégiens ont tout de même été choqués quand mercredi 11 mars le président de la Banque centrale de Norvège, Svein Gjedrem, leur a révélé l'ampleur des pertes subies en 2008 par le Fonds d'Etat de retraite-étranger, alias le Fonds du pétrole, l'un des plus gros fonds souverains au monde : 633 milliards de couronnes (71,4 milliards d'euros).
La banque, responsable de sa gestion, a reconnu "un résultat historiquement bas". Si le Fonds a augmenté à 2 275 milliards de couronnes grâce à l'apport exceptionnellement élevé de 384 milliards de recettes en hydrocarbures, le rendement a reculé de 23,3 % en 2008, du jamais-vu depuis la création du Fonds en 1990 et les premiers dépôts en 1996. Dix années d'intérêts ont été effacées.
ETAT-PROVIDENCE
Ce fonds a été créé afin de garantir les retraites des générations futures et d'éviter la surchauffe de l'économie norvégienne. Gros acheteur d'obligations et d'actions, il est ainsi actionnaire de 7 900 compagnies internationales, possède 0,77 % du marché mondial des actions et est le premier actionnaire européen. Les principales participations en actions sont détenues dans Shell (15,2 milliards de couronnes), Nestlé, BP, ExxonMobil et Total (11,3 milliards de couronnes).
De telles pertes auraient-elles pu être évitées en cette période de crise financière mondiale ? "Ma principale réponse est qu'il n'y a pas eu beaucoup d'endroits où se cacher", a répliqué M. Gjedrem.
C'est le mandat même du Fonds qui est critiqué car sa gestion est de plus en plus active. 70 milliards de couronnes ont ainsi été perdus à cause des choix actifs opérés par les gestionnaires. "Une gestion active ne fonctionne que si le trader est plus intelligent et a plus d'informations que le reste du marché", note Per Valebrokk, chroniqueur du site économique E24.no, qui ajoute que, visiblement, les traders norvégiens n'ont été ni plus intelligents ni mieux informés. Certains, comme Lars Haakon Søraas, un analyste financier, réclame le renvoi de l'équipe et propose de suivre désormais un indice de référence décidé par le ministère des finances.
Même si le Fonds, qui est un placement à long terme, sera sans doute gagnant sur la durée estiment d'autres experts, de nombreux Norvégiens sont en colère. Selon eux, l'Etat providence n'est pas à la hauteur d'un pays aussi riche, avec des hôpitaux, des écoles ou des routes en mauvais état. Depuis des années, cette contestation fait le fonds de commerce d'un parti populiste de droite devenu la deuxième formation du royaume.
Olivier Truc
Article paru dans l'édition du 13.03.09
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