Thursday, April 9, 2009

University Strikes in France


Blog Quotidien Sciences.liberation

Universités : le conflit se durcit à l'approche des examens - Le Monde 8 avril

Nicolas Sarkozy a rappelé, mardi 7 avril, son attachement à la loi sur l'autonomie des établissements Les signes de tension se multiplient sur certains campus ; aucun dialogue ne se noue avec le ministère

La réforme de l'université se fera-t-elle selon les modalités actuellement prévues, envers et contre toutes les grèves et manifestations ? Le président de la République, en tout cas, l'a affirmé, mardi 7 avril, à l'occasion d'un déplacement à Venelles (Bouches-du-Rhône), près d'Aix-en-Provence. Alors que la mobilisation contre la politique éducative du gouvernement entre dans sa dixième semaine et que les signes de radicalisation se multiplient, Nicolas Sarkozy a répété sa volonté de ne pas revenir sur la loi LRU sur l'autonomie des universités, votée en août 2007. " Je veux dire au monde universitaire que leur donner l'autonomie, c'est leur faire confiance, a dit M. Sarkozy. C'est un choix sur lequel je ne reviendrai jamais. "

La loi sur l'autonomie avait été présentée pendant la campagne électorale et au début du quinquennat comme une réforme majeure. La fermeté du chef de l'Etat n'est pas une surprise, mais elle risque de mettre encore de l'huile sur le feu. Depuis deux mois et demi, le climat n'a cessé de se tendre entre l'exécutif et la communauté universitaire. Un nouveau seuil a été franchi, en début de semaine, avec la multiplication d'incidents sur les campus. Mardi, pendant plusieurs heures, le président de l'université d'Orléans a été retenu par une centaine d'étudiants dans son bureau. Un autre cas de séquestration avait eu lieu la veille à Rennes-II. A Strasbourg, entre 100 et 150 étudiants ont perturbé une réunion de responsables universitaires. A Paris, les locaux du Centre régional des oeuvres universitaires (Crous) ont été envahis pendant quelques heures par des étudiants, dans le cadre d'une opération " repas gratuits ", puis le directeur et son adjoint ont été brièvement retenus.

Autre signe de tension, plusieurs centaines d'enseignants chercheurs de l'université de Rouen ont décidé, mardi 7 avril, de refuser de présider les jurys du baccalauréat 2009. Or la présence d'un universitaire à la tête de ces jurys est obligatoire. Si ce boycottage s'amplifiait, il pourrait sérieusement affecter les lycées.

Au fil des semaines, les revendications de la Coordination nationale des universités se sont, elles aussi, durcies. Lors de sa dernière réunion à Paris, lundi, la Coordination a appelé " à la radicalisation du mouvement ", à " la désobéissance civile " et à la " convergence des luttes " avec " les hôpitaux ", l'" ensemble des services publics " ou encore les " sans papiers ". Hormis un appel à manifester les 8 et 28 avril, et le 1er mai, la Coordination entend organiser pendant trois jours " une marche sur Paris ".

Outre l'abrogation de la loi LRU sur l'autonomie des universités, les protestataires exigent le retrait des réformes du statut des enseignants-chercheurs et de la formation des maîtres. " Le mouvement durera tant que nous n'aurons pas obtenu le retrait des réformes contestées depuis tant de semaines maintenant. Le gouvernement n'a jusqu'ici répondu que par des simulacres de négociations ", considère la Coordination.

De son côté, le syndicat majoritaire, le Snesup-FSU, qui demande aussi l'abrogation de la loi LRU et le retrait des réformes en cours, est également resté inflexible.

" CRISTALLISER LES TENSIONS "

Ces prises de position s'inscrivent dans un climat d'inquiétude sur la bonne tenue des examens. Mardi, la Coordination a apporté son soutien aux établissements grévistes qui décideraient de valider automatiquement le deuxième semestre pour les étudiants. Mercredi, dans Le Parisien, la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a rejeté cette éventualité : " Il est essentiel que tous les enseignements qui n'ont pas été assurés ces dernières semaines le soient avant les examens. " Pour le Snesup-FSU, cet argument n'est qu'un prétexte " pour affaiblir la mobilisation et cristalliser les tensions ". " Une fois ses revendications entendues, la communauté universitaire mettra tout en oeuvre pour permettre la validation des examens ", a assuré le syndicat.

Dans une telle atmosphère de défiance, les quelques déclarations de M. Sarkozy en faveur de la communauté universitaire risquent d'être vaines.

Mardi, le chef de l'Etat a affirmé qu'il ne souhaitait " absolument pas qu'on mercantilise l'université, qu'on y installe les entrepreneurs au détriment du service public ". Au détour d'une phrase, il a rendu hommage aux chercheurs et à leur contribution à l'innovation et à l'économie du pays. Il les avait profondément meurtris par son discours du 22 janvier, au cours duquel il s'était livré à une charge contre la qualité de la recherche. " On a des gens fantastiques, les chercheurs, les enseignants-chercheurs, a-t-il expliqué. Mais c'est un tel parcours du combattant pour déposer un brevet. "

La ministre de l'économie, Christine Lagarde, et Valérie Pécresse ont été chargées de travailler avec la Caisse des dépôts afin de mettre sur pied " trois ou quatre sociétés de valorisation de haut niveau ", dans les plus grands campus français. " Il faut maintenant que la France devienne la terre de l'innovation, de la recherche, c'est une priorité absolue ", a ajouté le président de la République.

Le Parti socialiste a dénoncé des propos " en total décalage avec la réalité et l'intensité du mouvement social " dans les universités. " Le chef de l'Etat tente de faire diversion en laissant penser que les universitaires seraient contre la notion d'autonomie, au moment même où ils contestent le contrôle politique de plus en plus fort ", écrit dans un communiqué Bertrand Monthubert, secrétaire national à la recherche et à l'enseignement supérieur.

Pour la Coordination, " quoique moins méprisantes dans la forme ", les déclarations présidentielles " révèlent la même préoccupation mercantile de l'enseignement supérieur et de la recherche ".

Catherine Rollot

13 Mars: Bilan Utile - a lire pour notre cours lundi

Universités : pourquoi le gouvernement ne parvient pas à calmer la fronde

Article paru dans l'édition du 13.03.09 Le Monde

Malgré des discussions tous azimuts, entre 30 000 et 60 0000 manifestants ont défilé, mercredi 11 mars, contre la politique universitaire

Un simple problème de méthode ? Une mauvaise lecture de l'état d'exaspération de la communauté universitaire ? Le gouvernement peine toujours à trouver une porte de sortie à la crise universitaire. Le 25 février, après un mois de mobilisation et de blocages d'universités, le premier ministre François Fillon pensait avoir trouvé la clé.

En proposant le gel des suppressions de postes l'an prochain, la réécriture du décret statutaire des enseignants-chercheurs, et des aménagements sur la formation des enseignants du primaire et du secondaire, il avait réussi à regagner partiellement la confiance des présidents d'universités et de la majorité des syndicats les plus modérés, SGEN-CFDT et UNSA en tête.

Deux semaines plus tard, la mobilisation reste importante. Le 11 mars, ils étaient encore entre 30 000 et 60 000 manifestants à défiler dans toute la France. Pourtant Valérie Pécresse a mené des négociations tous azimuts, non seulement sur le décret statutaire, le décret sur le Conseil national des universités, mais aussi, mardi 10 mars, sur le décret sur le nouveau contrat doctoral unique, l'un des nombreux points d'abcès de la contestation. La semaine prochaine, des discussions sur les organismes de recherche vont également. s'ouvrir.

FOSSÉ

C'est dans ce contexte que le ministre de l'éducation nationale, Xavier Dancos, s'apprête à faire un nouveau geste en annonçant un nouvel aménagement de la formation des maîtres. « Si l'on sort par le haut sur cette question de la mastérisation, cela détendra la situation dans les universités », assure Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, syndicat enseignant majoritaire de l'école à l'université. En réalité, rien n'est moins sûr : compte tenu du niveau actuel de la mobilisation, il est probable que le mouvement fera tout pour tenir jusqu'à la grande mobilisation interprofessionnelle du 19 mars.

Comment expliquer qu'en multipliant les réunions sur les sujets qui fâchent et en cédant chaque jour un peu plus aux demandes syndicales, le gouvernement n'arrive pas à sortir de la crise ? Soucieux de défendre ses réformes universitaires, le gouvernement a mal appréhendé l'ampleur de la fronde, laissant s'installer un fossé entre lui et le monde de la connaissance. Dans Libération, le 11 mars, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant estimait que le texte du décret statutaire des enseignants-chercheur « sera peu différent de celui qui a été mis sur la table ». Une remarque qui discrédite les quatre syndicats négociateurs et envoie un mauvais signal à la communauté universitaire.

Comme dans tout rapport de force, les syndicats les plus en pointe dans la lutte, comme le Snesup (FSU), mais aussi les divers collectifs (Sauvons la recherche, Sauvons l'université, la coordination nationale des universités) appuient pour obtenir plus de concessions. Ils réclament des annonces plus globales concernant non seulement l'université, mais aussi la recherche.

« Nous attendons depuis maintenant deux semaines des signaux forts de la part du gouvernement sur les moyens, les postes et l'avenir de toutes les composantes de l'enseignement supérieur et de la recherche », explique Isabelle This Saint-Jean, président de l'association Sauvons La Recherche. « Avec ses annonces partielles, François Fillon n'a pas compris le malaise général qui mine l'ensemble de notre communauté », assure Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup (FSU).

« Pour apaiser la tension, il fallait nous accueillir tous ensemble, syndicats, associations ou collectifs, de manière solennelle », défend Isabelle This-Saint-Jean. Faute de cette réunion-symbole, la contestation s'est radicalisée.

Philippe Jacqué

***

Lundi 2 Mars: Ou en sommes nous ? Les raisons de continuer (SNESUP-FSU)

Depuis la fin de la semaine dernière, il est manifeste que le gouvernement est contraint de manoeuvrer face à l‚importance du mouvement en cours et procède à de micro-reculs (comme la non suppression de postes en 2010 et 2011 ou un début de réécriture du décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs). Ces manoeuvres en reculant montrent que le mouvement des universités est en train d‚établir un rapport de forces favorable à nos revendications et que l‚on peut faire reculer le pouvoir. Cependant, ces manoeuvres sont insuffisantes et ne répondent pas aux revendications (le projet de mastérisation des concours ne semblent guère évoluer, la question du contrat doctoral non plus, les postes supprimés en 2009 le sont toujours, ce que serait le statut des enseignants-chercheurs reste bien flou, etc.). Cette analyse qui montre à la fois qu‚on est loin du compte et que le mouvement peut marquer des points explique le vote sur la reconduction de la grève de la dernière AG des personnels qui s‚est tenue jeudi dernier.

Après une manifestation de 4000 personnes, une AG des personnels de Lyon2 s'est tenue, en effet, le 26 février au campus des Quais, à 17h. Elle a rassemblé environ 100 membres du personnel (enseignants et Biatos) et 150 d'étudiants.

Le débat a porté sur trois points :

1. l'abrogation de la LRU : des étudiants et des personnels rappellent que le retrait des décrets (statut des enseignants-chercheurs, contrat doctoral) laisserait toujours la possibilité de faire repasser d'autres décrets identiques tant que la LRU demeure, et à des moments de vacances universitaires (août, comme pour la LRU en 2007). André Tiran, VP du CA, présent à l'AG intervient pour rappeler qu'en effet supprimer le (contenu du) décret serait en contradiction avec la LRU ;

2. les modalités d'action : Des interrogations sur la manière de faire grève tout en assurant (ou non) des liens, y compris pédagogiques, avec les étudiants sont exprimées par plusieurs participants. La question posée est de savoir si l‚on doit trouver des modalités d‚encadrement pédagogique des étudiants pendant la grève [rappel : pour l‚instant „seules‰ 3 semaines de cours ont été touchées par la grève]. Dans la grève au long cours engagée, certains constatent qu'on finit par perdre de vue l'enjeu de la lutte, pourtant d'une gravité sans précédent : précarisation pour tous, destruction de la fonction publique et de l'éducation nationale, du primaire au supérieur. Tout le monde tombe d'accord pour dire que le mouvement d'information vis-à-vis des collègues et étudiants doit s'amplifier, dans des AG par composantes, journées de cours et conférences-débats hors et dans les murs, etc.

3. la poursuite du mouvement

VOTE unique : grève reconduite jusqu'au mardi 3 mars inclus (ne votent que les enseignants : 62 pour, 0 contre, 1 abstention, 1 NPPV (ne prend pas part au vote)). Les débats ayant été très riches, la discussion s'est poursuivie au-delà de 18h, heure à laquelle certains de nos collègues ont dû partir pour participer à la manifestation de soutien à La Guadeloupe. Ces collègues n'ont donc pas pu participer au vote.

La prochaine AG des personnels se tiendra mardi 3 mars (campus de Bron, bâtiment Europe, amphithéâtre Cujas) à 13h, pour décider de la reconduction ou non de la grève et des suites à donner au mouvement.

SNESup, PAU, Collectif des personnels mobilisés


Photos et videos des manifs - 1 2 3 4 5

President de Lyon 2: Avenir des laboratoires de recherche

Lyon, le 23 février 2009
Cher(e)s collègues,

Depuis plusieurs semaines, la communauté universitaire dans son ensemble, ou presque, s'est mobilisée pour défendre ce quelle tient à juste titre pour constitutif du métier même d‚enseignant-chercheur et pour permettre aux universités de continuer à jouer le rôle irremplaçable qui est le leur : être un lieu de production et de création et non seulement de transmission du savoir ; être en même temps et justement par même le dernier grand organe public de promotion sociale et de brassage de la population, ce que les grandes écoles ne sont plus.

Notre université a d‚emblée été présente dans cette mobilisation sans précédent, dont l‚équipe présidentielle partage les principes et les ambitions, comme l‚attestent les motions successives du conseil d'administration sur les masters concours et la décision unanime du congrès du 17 décembre 2008 au sujet du projet de décret modifiant celui de 1984. Enseignants-chercheurs, chercheurs, personnels biatoss et étudiants de Lyon 2 ont ainsi manifesté ensemble leur attachement à une université ouverte et démocratique, proposant à ceux qui la rejoignent des formations variées et de qualité, développant en son sein des recherches innovantes et de haut niveau capables de dessiner le futur des SHS.

Un autre front, moins connu sans doute, s‚est ouvert toutefois qui menace également l‚université telle que nous la connaissons, son indépendance scientifique, sa capacité à être à la fois un lieu ouvert et un lieu d'excellence, son fonctionnement largement collégial, et il appartient à l‚équipe présidentielle d'attirer l'attention de tous sur son enjeu spécifique : l'avenir des laboratoires de recherche, de leurs personnels et de leurs doctorants.

Depuis quelques mois, en effet, en raison de la transformation complète du CNRS, de la montée en puissance du PRES, qui a porté avec succès l'opération Campus, de la préparation du quadriennal des établissements de la vague A, les pressions se sont multipliées sur notre établissement pour faire accroire quil n‚y aurait pas d'autre avenir que de faire passer tous les laboratoires de recherche abrités par Lyon 2 mais aussi les deux maisons des sciences de l‚homme sous tutelle du PRES, ou d'accepter que la recommandation (qui n'est pas plus que cela) de la commission d'Aubert sur le transfert du mandat de gestion à l'hébergeur principal soit appliquée à la lettre et à la rigueur. Des laboratoires entiers qui ont été patiemment construits, développés, soutenus au sein de notre université pourraient ainsi passer, indépendamment des moyens humains ou financiers, sous contrôle d'un autre établissement qui n'aurait fourni que des mètres carrés ou sous celui d'un EPCS qui n'a pas vocation à jouer un tel rôle excédant manifestement les bornes que lui traçait son décret de fondation.

Derrière ces principes, à géométrie variable, se niche une conception de l'Université de Lyon bien précise, tendant à confisquer les formations et les laboratoires de prestige et à constituer un pôle d‚excellence malthusien dont les universités proprement dites seraient exclues. Il suffit de lire l‚interview du directeur de l‚EM Lyon auprès de l'AEF le 30 janvier 2009 pour en avoir une description idéale, qui n'a fait l'objet d'aucun démenti de la part des écoles citées :

"L'AEF: Comment voyez-vous évoluer le positionnement votre école dans le paysage de l'enseignement supérieur lyonnais? Quelles alliances privilégiez-vous?

Patrick Molle: Il faut d'abord se demander de quelles compétences devront disposer les dirigeants de demain. Je crois que trois nouvelles dimensions seront à intégrer. Alors que la création de valeur est aujourd'hui tirée par la science, il faudra accroître leur culture scientifique, et leur capacité à dialoguer avec les experts de ce milieu. C'est pourquoi, un rapprochement avec Centrale Lyon me semble très pertinent. Ensuite, ces dirigeants auront besoin d'un solide bagage en SHS, afin de mieux comprendre les différences culturelles. D'où l'intérêt de collaborer de l'ENS LSH. Enfin, ils devront disposer d'agilité politique, et d'une fine connaissance des rouages des organismes internationaux. C'est pourquoi, il me paraît intéressant de travailler avec l'IEP de Lyon. Avec tout cela, nous avons les ingrédients pour créer un MIT lyonnais, avec une gouvernance à inventer.

L'AEF: Pourquoi ne misez-vous pas sur un rapprochement avec les universités, sur le modèle américain?

Patrick Molle: Il n'y a pas de règle générale. A Lyon, je privilégie plutôt une alliance avec une école d'ingénieur. Lorsque l'université sera devenue vraiment autonome, qu'elle aura acquis une culture d'excellence et tarifera ses programmes, nous pourrons envisager des rapprochements. Mais c'est encore loin d'être le cas, et forcer le mouvement ne rime à rien.

Cet avenir, ce « MIT lyonnais », qui dans un autre contexte pourrait prêter à sourire, ce risque de relégation des universités au rôle de collèges universitaires généralistes, délivrant des certifications et des diplômes de premier cycle, ne sont évidemment pas ce dont nous pouvons rêver pour Lyon 2, ni pour l'université de Lyon en général. Car même si le PRES a officiellement renoncé à la tutelle des laboratoires (mais pas de tous et pas des structures fédératives), bien des problèmes demeurent. La constitution d'un pôle d‚excellence, pour l‚instant bien hypothétique et purement autoproclamé, n'ayant d'autre fin que de grimper dans le classement de Shanghai, doit-elle guider toute la politique du PRES en matière de SHS, passer par le dépeçage des universités et la coupure entre formation et recherche, trancher au nom de la tutelle unique dans un tissu de collaborations longuement mis en place et qui a fait ses preuves ? Doit-elle faire passer tous les équipements de prestige, tous les outils de réponse aux appels d‚offre de l‚ANR ou de la Commission Européenne, tous les instruments de gestion des crédits dans d‚autres mains que celles de l‚Université de rattachement principal et celles des grands organismes de recherche ? Doit-elle priver les universités, et notamment Lyon 2 considérée à juste titre comme l'un des grands établissements européens en matière de SHS et d'humanités, des ressources financières et des marges de man˛uvre lui permettant de conduire une véritable politique scientifique ? Doit-elle acculer les enseignants-chercheurs à être enseignants à Lyon 2 et chercheurs ailleurs, faisant ainsi de l'Université, à travers ses personnels et ses instances élues, une simple pourvoyeuse de postes sur lesquels elle n'aurait au fond rien à dire ?

Certes, il appartiendra à chacun de se déterminer et de mettre en accord ses engagements publics en faveur du statut des enseignants-chercheurs et ses choix personnels de rattachement et de carrière, mais devant ce qu'elle considère comme une dérive et une menace, l‚équipe présidentielle veut rappeler ce qui guide sa politique :

1. D'abord, faire de la recherche une priorité absolue en poursuivant les efforts déployés depuis longtemps déjà par nos prédécesseurs, en établissant un état des lieux et des forces aussi précis que possible, au moyen d'une visite systématique des laboratoires, gage d'une connaissance exacte des réalisations et des besoins, en mettant tout en oeuvre pour apporter aux chercheurs, aux personnels, aux doctorants les moyens dont ils ont un besoin criant (mètres carrés, postes, personnels administratifs..) : des postes frais de Biatoss mutualisés ont été fléchés dès cette campagne d'emploi en direction de l'administration de la recherche en attendant de nouvelles créations l'an prochain ; de futures structures de grande ampleur sont en cours de création (maison des langues et des cultures avec Lyon 3, qui abritera à côté de salles de cours des laboratoires de recherche et les locaux de partenaires aussi importants que le CIERA et Transcultura ; Institut des sciences et des droits des religions et de la laïcité avec Lyon 3, l'EPHE, l'UJM de Saint-Etienne, l‚Université catholique et l‚ENS-Lsh entre autres ; et hôtel à projets en SHS piloté par Lyon 2 dans le cadre du Campus Charles Mérieux). De nouveaux espaces entièrement dédiés à la recherche devraient être dégagés rue Pasteur dès que les travaux du 18 quai Claude Bernard auront commencé dans le cadre de ce CPER et nous espérons faire de ce quadrilatère Pasteur-MOM un espace entièrement dédié à la recherche, que complètera la maison des langues sur l‚îlot Saint-Luc/Saint-Joseph et l‚hôtel à projets de Gerland. L'Université mettra donc des moyens dans la recherche et les équipes de recherche, quel que soit le statut de celles-ci. Un site web de valorisation de la recherche à Lyon 2 devrait être bientôt ouvert afin de donner une information plus complète, plus accessible, plus visible sur ce qui se fait dans notre établissement et dans les laboratoires qui lui sont attachés.

C‚est précisément ce souci de préparer et d'anticiper l'avenir de la recherche en SHS, sur le pôle de Lyon mais aussi bien au-dela, au niveau national et international, qui informe le contenu de la lettre de cadrage que l'équipe présidentielle a rédigée il y a quelques semaines en vue de la préparation du quadriennal de notre établissement. Il ne s'agissait pas tant d'y imposer des problématiques, des champs précis ou une liste interminable de mots-clés et certains ont remarqué, à juste titre, qu'il y manquait des termes comme « genres » ou « littérature » ou « archéologie », que de souligner ce que sont globalement les forces de Lyon 2, d‚esquisser de grandes lignes de discussion, et surtout d'imaginer ce que pourront être les objets de la recherche dans quelques années, en ouvrant autant que possible les espaces de convergence et de rencontre, entre arts et sciences sociales, entre sciences économiques, psychologie et théorie de l‚action rationnelle, entre anthropologie et linguistique ou entre sciences religieuses, droit, sciences politiques ou géographie. Plus qu'une liste close d'items, la lettre de cadrage veut dessiner l‚espace des possibles, inciter aux rapprochements entre disciplines et laboratoires.

2. Maintenir autant que possible - et contre les effets délétères prévisibles de la concurrence entre établissements et équipes à laquelle pourrait nous conduire une application irréfléchie et malveillante des recommandations de la commission d‚Aubert sur le mandat de gestion unique - les liens de collaboration, parfois très larges, qui font la force des équipes de recherche lyonnaises, au-delà de Lyon 2 et souvent au-delà du PRES lui-même. La transformation du CNRS et le nouveau partage des tâches qui va s‚instaurer entre l'Institut des SHS et l'agence de moyens, doivent nous inciter à revoir ensemble notre façon de structurer la recherche, la forme UMR ne s‚imposant plus demain avec la même pertinence quhier : non seulement, en matière de SHS, les UMR seront probablement moins nombreuses quelles ne le sont, mais elles ne seront plus au même titre quaujourdhui un label de qualité ou une marque de prestige. Car l‚évaluation dépendra avant tout de l‚AERES, dont les objectifs ont été rappelés en décembre par Patrice Bourdelais (délégué scientifique coordinateur des SHS) lors de sa visite à l'ISH. Statut CNRS et labelisation seront définitivement dissociés. Certaines équipes pourront alors légitimement choisir de se tourner vers le statut d‚équipes d‚accueil conventionnés (EAC) : c‚est le choix annoncé pour l‚instant par une équipe d'histoire, qui envisage de passer du statut actuel d‚UMR à celui d‚EAC. Ce dernier n'est en rien un déclassement mais un choix stratégique, qui permettra tout d'abord à des laboratoires de conserver des réseaux de collaborations complexes qui débordent du cadre du PRES sans craindre l'application rigide de la recommandation de la tutelle unique: des partenariats avec Grenoble, ou avec Paris, pourront ainsi être préservés. Le statut d‚EAC permettra en outre à ces laboratoires de bénéficier du soutien de l‚agence de moyens, avec laquelle l'Université signera dans les meilleurs délais une convention globale. L‚Université sera ainsi en mesure d‚appuyer pleinement les équipes qui auront manifesté une stratégie claire dans la politique globale de l'établissement et affiché des choix cohérents ; elle exercera avec sérieux son rôle nouveau dans la répartition des moyens.

3. Préserver le statut et les conditions de travail des personnels administratifs CNRS : l'Institut National des SHS comme l‚agence de moyens permettront de maintenir leur place dans le dispositif de la recherche à Lyon 2 et l‚Université mettra aussi en oeuvre des mesures destinées à confirmer leur place et leurs fonctions. Le statut et la carrière des personnels propres de Lyon 2 seront aussi pris en compte. De prochaines rencontres avec l‚ensemble des personnels administratifs de la recherche seront donc rapidement organisées par les membres de l‚équipe présidentielle afin d‚envisager les dispositions concrètes quil faudra prendre.

4. Développer une politique éditoriale ambitieuse, que les PUL n‚ont plus les moyens de mener à bien seules. Pour permettre aux enseignants-chercheurs et aux chercheurs, aux jeunes docteurs aussi, de donner à leurs travaux l‚écho quils méritent, pour échapper aux travers de l‚autopublication que les évaluations ne manquent pas de fustiger, pour conserver, enfin, aux SHS et aux lettres la place qui leur revient dans le paysage éditorial français, il faut avancer vers la création d‚une structure éditoriale nouvelle, plus vaste et plus souple, au niveau du PRES, en relation avec l‚ensemble de nos partenaires en SHS. Lyon 2 a demandé à Richard Figuier, ancien éditeur au Seuil et actuel directeur des presses de l‚Ecole Française de Rome, un audit sur l'état des presses universitaires à Lyon : son rapport, arrivé à la mi-février, dessine un projet ambitieux pour le PRES. Lyon 2 a décidé de s'y engager dès le printemps 2009.

Les Universités de SHS ˆet notamment Lyon 2- peuvent fort bien rester au centre du jeu en matière de recherche : il nous appartient de faire en sorte que cela soit le cas.

C‚est l‚affaire de tous, bien entendu, mais l'équipe présidentielle est décidée à mettre en oeuvre tous les moyens pour conduire une politique globale d'établissement qui préservera notre potentiel et nos traditions scientifiques, maintiendra pour nos chercheurs et nos doctorants de véritables perspectives d'avenir. Elle attend des laboratoires qu'ils expriment leurs priorités et elle déterminera son niveau d‚engagement en fonction de celles-ci.

Olivier Christin

Président de l'Université Lumière Lyon 2


Announce U Lyon 2- La Rentree, la semaine du 23 Fevrier

Chers collègues,

Quelques informations pratiques pour préparer la semaine de la rentrée et la journée du lundi 23 février.

1. La prochaine AG des personnels se tiendra le 23 février, 12h, campus de Bron (amphithéâtre G, bâtiment L) pour décider de la reconduction ou non de la grève et de la suite à donner au mouvement. L'équipe présidentielle a été invitée à venir y participer.

2. Mercredi 25 février, journée de cours hors les murs organisée avec le concours des enseignants de Lyon2 et des étudiants (contact : marion.fontana@univ-lyon2.fr).

3. Adresses internet à noter :
- blog de "Pour une Autre Université"
- collectif des jeunes chercheurs
- site étudiant sur les manifestations lyonnaises et AG :
- site du comité d'action

SNESup, PAU, collectif des personnels mobilisés

Rappel : une caisse de solidarité est constituée, afin de compenser la perte financière que constitue la participation au mouvement de grève pour les collègues enseignants précaires et les personnels BIATOS.
Pour contribuer à cette caisse de solidarité, vous pouvez adresser vos chèquesl'ordre du Snesup en indiquant "caisse de solidarité" au verso - surtout pas de chèque en blanc) à :
Gwenola Le Naour
IEP de Lyon
14 avenue Berthelot
69007 Lyon


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Sarkozy 22/01/09: Discours à l’occasion du lancement de la réflexion pour une Stratégie Nationale de Recherche et d’Innovation

Sommaire


La modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs, au cœur du conflit, suscite un mécontentement croissant chez nombre d'entre eux, qui craignent l'arbitraire des présidents d'université, une hausse des heures d'enseignement et une atteinte à leur indépendance.

Chronologie:


10 août 2007

La loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU) est adoptée.

2 juillet 2008

Les grandes lignes de la réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire sont présentées en conseil des ministres.

31 octobre 2008

Valérie Pécresse divulgue son projet de révision du statut des enseignants-chercheurs.

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Jeudi 19 février Manifestation *
*départ 14h Place des Terreaux - Arrivée Préfecture *

*La manifestation sera suivie d'une Assemblée générale inter sites à partir de 16h30* *
*A la Bourse du Travail - Place Guichard - 69003 *


FSU (SNESUP, SNCS, SNEP, SNASUB) – CGT (SNTRS, FERC-Sup, CGT-INRA) FO (SNPREES) – SOLIDAIRES (SUD-Recherche-EPST, Sud Education, Sud Etudiant) SLR – SLU – UNEF*

Enseignement Supérieur et Recherche SE MOBILISER POUR GAGNER !

Les étudiants et les personnels de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche participent de manière exceptionnelle à la grève et aux mobilisations dans les universités. La journée du 10 février constitue un événement marquant, avec l’imposante démonstration de près de 100 000 manifestants à Paris et en province. Les personnels et les étudiants manifestent leur opposition aux politiques du gouvernement, notamment le Pacte Recherche et la loi LRU, qui cassent le service public d'enseignement supérieur et de recherche, dégradent les droits collectifs statutaires et les conditions de travail des personnels ainsi que les
conditions de vie et d'études des étudiants. Ils condamnent les déclarations méprisantes du Président de laRépublique du 22 Janvier.(...)

Les organisations constatent les convergences avec les revendications exprimées par la coordination nationale des universités et appellent à poursuivre et étendre la grève reconductible. Elles demandent :
 - le retrait du projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs ;
 - le retrait de la réforme actuelle « Darcos-Pécresse » de la formation des enseignants du 1er et 2nd degrés ;
 - retrait du projet de contrat doctoral ;
 - l'arrêt du démantèlement des organismes de recherche ;
 - la restitution des 1030 postes supprimés au budget 2009, la mise en oeuvre d'un plan pluriannuel d'emplois statutaires dans les universités et les organismes, la résorption de la précarité ;
- l'obtention de moyens permettant aux établissements d'assurer leurs missions ; la remise à plat du système d’allocation des moyens ;
 - le maintien des statuts nationaux pour tous les personnels et le refus de l’externalisation des fonctions des personnels de catégorie C, notamment ;
- la revalorisation de toutes les carrières et l'amélioration des salaires, au lieu de l'individualisation des carrières ;
 - une politique ambitieuse pour la vie étudiante.

Sur tous ces points, les organisations signataires veulent de vraies négociations pour une tout autre politique.


*Jeudi 19 février Manifestation *
*départ 14h Place des Terreaux - Arrivée Préfecture *

*La manifestation sera suivie d'une Assemblée générale inter sites à partir de 16h30* *
*A la Bourse du Travail - Place Guichard - 69003 *

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Bonne Critique de la Politique Economique Fausse de la Reforme

Les enseignants-chercheurs ont réussi leur journée

Principales dispositions du projet de décret

*Modulation du temps de service

Les présidents d'université pourront moduler le temps de service des enseignants-chercheurs entre l'enseignement, la recherche et d'autres activités administratives ou pédagogiques.

*Temps annuel d'enseignement

Le temps de service des enseignants n'est pas modifié. Ils ne pourront pas faire plus de 128 heures de cours annuels ou 192 heures de travaux dirigés ou pratiques.Ceux qui se consacreront essentiellement à la recherche devront quand même assurer au minimum 42 heures de cours magistraux annuels ou 64 h de travaux dirigés ou pratiques.

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Appel international à tous les universitaires - U Lyon I

Liens Lyonnais

Les universités françaises sont en grève illimitée.

La France possédait un service public d’enseignement supérieur et de recherche de qualité, jouissant d’indépendance, de liberté et de considération. En quelques mois, le gouvernement a décidé, avec brutalité et sans concertation, de le détruire et de le transformer en une sorte de marché de la connaissance, de la précarité et de l’arbitraire.

Les enseignants-chercheurs perdent leur statut ; leurs horaires deviennent « à la tête du client».

Les postes statutaires diminuent de façon drastique pour faire place à des emplois temporaires, aléatoires et dépendants.

Les doctorants pourront être licenciés sans motif les six premiers mois et seront mis au service des entreprises sans reconnaissance ni droits.

La formation des maîtres est saccagée.

Les universités, devenues « autonomes » (en fait surtout concurrentes et sous contrôle étatique renforcé) et sans budget suffisant, se verront évidemment contraintes sous peu à rendre les études payantes et à se soumettre aux financiers de leur région.

Le CNRS est supprimé et transformé en agence de moyens distribués par des technocrates.

Les chercheurs sont évalués selon des critères « quantitatifs » ineptes et inadaptés, rejetés par toutes les sociétés savantes.

Nous, universitaires et chercheurs de tous pays, reconnaissons là des mesures bureaucratiques, vénales et dangereuses, qu’on a essayé ou qu’on essaie d’imposer dans d’autres pays.

C’est pourquoi nous sommes solidaires des universitaires français. Si, au pays de l’Encyclopédie, de Voltaire et de Rousseau, de la Déclaration des droits de l’homme, l’éducation et la recherche sont réduites à l’état de commerce et soumises à la discrétion des pouvoirs, c’est la liberté du monde entier qui est menacée.

Les forces qui imposent ces nouvelles donnes se concertent ; pour défendre nos valeurs, nous devons nous unir mieux et plus qu’elles. Nous appelons donc les universitaires, au-delà de leurs différences politiques, philosophiques et religieuses à s’unir face à ces dérives généralisées qu’aucun savant humaniste d’aucune époque n’a jamais soutenues.

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Enseignants-chercheurs : la fronde s'étend
LE MONDE | 09.02.09 | 14h35

Après une première mobilisation réussie la semaine dernière, les enseignants-chercheurs seront à nouveau dans la rue, mardi 10 février. Dans les universités, des plus remuantes aux moins revendicatives, mais aussi dans les Instituts d'études politiques ou les écoles d'ingénieurs, ils s'inquiètent de la réforme de leur statut, de la formation des enseignants du premier et second degré et des coupes budgétaires.

A Rouen, les enseignants-chercheurs font fac en ville. En grève depuis le début de la semaine dernière, les enseignants-chercheurs de Rouen ne veulent surtout pas que leur mouvement reste confiné à des réunions d'amphis ou des débats en laboratoire. "Il faut absolument montrer que nous chercheurs, nous ne travaillons pas que pour nous", explique Pierre-Emmanuel Berche, physicien.

Du coup, la maire de Rouen, Valérie Fourneyron, députée PS de la Seine-Maritime, a ouvert la salle du conseil municipal pour que Florent Hivert, Elise Lemercier, et Thierry de la Rue, respectivement spécialistes d'informatique, de sociologie et de mathématiques planchent devant la population. Les trois sujets retenus étaient : "La jonglerie peut-elle s'écrire comme une partition de musique ?" "Les discriminations : l'imbrication du sexisme et du racisme" ou "Quel est le début de ce nombre ? La loi de Benford du premier chiffre significatif." L'opération a été baptisée "Fac en ville". Et Mme Fourneyron, médecin, qui a enseigné à l'université, a elle-même participé à cette initiative.

A Aix-en-Provence, l'Institut d'études politiques voit rouge. "Prof en saignant". La banderole qui barre le fronton de l'Institut de sciences politiques (IEP) d'Aix-en-Provence donne le ton. Pour la première fois depuis sa création en 1956, l'IEP fait une grève totale des cours et des notes. André Cartapanis, professeur d'économie et de finances internationales n'a rien d'un gauchiste.

Pourtant, cet ancien doyen de la faculté des sciences économiques de Marseille ne mâche pas ses mots : "Bien sûr qu'il faut réformer, mais pas en commençant par la présidence des universités et le statut des enseignants-chercheurs. Il fallait d'abord réfléchir à l'architecture des universités que l'on veut, aux formations longues et courtes, à la sélection à l'entrée, à l'augmentation des droits d'inscription, puis voir si cela nécessite de changer les statuts des enseignants-chercheurs." Tout aussi réservé sur le projet de réforme, Christian Duval, directeur de l'IEP, estime que la charge des enseignants-chercheurs ne se résume pas à 128 heures d'enseignement par an : "On n'arrête pas de travailler et j'ai du mal à recruter des jeunes enseignants. Allez demander aux épouses et enfants des enseignants-chercheurs s'ils les voient beaucoup."

A Lyon, les profs de Lyon-III rejoignent ceux de Lyon-II. D'un site à l'autre, les facs lyonnaises réagissent avec des intensités variables. Aucune perturbation n'est apparente à Lyon-III, fac réputée conservatrice qui se tient généralement en retrait des mouvements de protestations. Plus loin, à Lyon-II, à la tradition plus remuante, quelques affiches témoignent sur le campus des quais du Rhône d'une mobilisation plus sensible. Sur le site de Bron, les amphis bouillonnent.

Malgré ses différences de mobilisation, un enseignant relève que le 5 février les profs de Lyon-III ont bel et bien "défilé à côté de ceux de Lyon-II". Un cas de figure à ce point inhabituel "qu'on peut penser qu'il se passe quelque chose", souligne-t-il avec ironie. Blocages administratifs, jurys suspendus, notes non transmises. Beaucoup d'enseignants ne font pas grève mais veulent expliquer, argumenter, à l'instar de Jean-Louis Gaulin. Vendredi 6 février, il a choisi de présenter le programme du second semestre d'initiation à la recherche en histoire médiévale. Il s'est ému "des perspectives très sombres" pour le CNRS, de la mastérisation des concours avec "trois formations en une" qui constituent pour lui "une déstabilisation complète du système". Des réformes permanentes, précipitées, irréfléchies, l'Education nationale fait penser à un monastère régi sur un "mode médiéval" ironise le prof.

À Rennes, facs, IUT et école d'ingénieurs tournent au ralenti. Gilles Le Ray, enseignant-chercheur en électronique à l'Institut universitaire technologique (IUT) de Rennes depuis onze ans, est en grève pour la première fois. Comme ses collègues, il ne voit pas comment la globalisation du budget de l'IUT dans celui de l'université ne se traduira pas par des baisses de moyens. Un peu plus bas, l'Institut national des sciences appliquées (INSA) qui forme des ingénieurs est lui aussi complètement fermé.

A l'autre bout de la ville, le campus de sciences sociales et humaines de l'université de Rennes-II marche, comme Rennes-I, au ralenti. Dans cette université à la culture revendicative plus ancrée, on parle beaucoup de la réforme de la formation des enseignants du premier et second degré. D'ailleurs, les maquettes de ces masters viennent d'être rejetées par les trois conseils de l'université.

A Paris-III, on expérimente la "grève active". Au centre Censier de Paris-III, vendredi 6, l'amphi B est plein pour la deuxième AG depuis le début du mouvement, mais il n'est pas "blindé", relève une étudiante. La notion de "grève active", c'est-à-dire en conservant des cours "alternatifs" et en participant aux manifestations, est contestée par les plus radicaux, qui reprochent aussi aux professeurs leur prudence. "Grève ou pas grève, il faudrait qu'ils se décident", lance un étudiant. Les discours les plus enflammés sont les plus applaudis, mais au bout de deux heures, l'AG vote pour la reconduction de la grève et écarte le recours aux "blocages".

Etienne Banzet (à Rouen), Luc Cédelle, Marc Dupuis, Gilles Kerdreux (à Rennes), Catherine Rollot et Richard Schitlly (à Lyon)

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Les présidents d'université lâchent la réforme

Le président de l'université Paris-V-Descartes, Axel Kahn, a demandé samedi 7 février à Nicolas Sarkozy de retirer le décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs. Le généticien avait été cité par le chef de l'Etat lors de son intervention télévisée comme une personnalité de "gauche" favorable à cette réforme. M. Kahn avait cosigné, avec trois autres présidents d'université, une tribune publiée dans Le Monde dans laquelle il se disait plutôt en accord avec celle-ci. "Aujourd'hui, l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas", estime-t-il.

Lundi 9, une réunion à l'appel de plusieurs présidents d'université, hostiles à la réforme, est prévue à la Sorbonne pour proposer "un projet alternatif".

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Neuf universités demandent le retrait des réformes controversées
LEMONDE.FR avec AFP | 09.02.09 | 16h53 • Mis à jour le 09.02.09 | 18h01


Les présidents ou vice-présidents de neuf universités ont demandé, lundi 9 février, au gouvernement, dans un appel solennel lancé à la Sorbonne, de retirer ses projets de réforme controversés sur le statut des universitaires et la formation des enseignants.

"Les présidents d'université et les représentants d'université présents en Sorbonne appellent les deux ministres de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de la recherche à retirer tous les projets de réforme controversés, condition nécessaire à l'ouverture de véritables négociations et à la relance du nécessaire processus de réforme auquel doit être associé l'ensemble de la communauté universitaire", selon cet appel.

Les universités concernées sont Paris-III Censier, Paris-IV Sorbonne, Paris-VIII Saint-Denis, Paris-X Nanterre, Paris-XIII Villetaneuse, Montpellier-III, Besançon, Rouen et Grenoble-III, auxquelles s'est associé l'Institut national des langues et civilisations orientales. Le président de Paris-VIII, Pascal Binczak, a précisé que la réforme modifiant le statut des enseignants-chercheurs des universités et celle concernant la formation des enseignants des écoles primaires et du secondaire, dite de "masterisation", étaient les principales visées.

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Point de vue
L'université française, malade du localisme et du corporatisme, par Guy Burgel
LE MONDE | 10.02.09 | 14h12


ous n'étions pas nombreux à l'été 2007 à dénoncer les menaces que la nouvelle loi sur l'autonomie des universités faisait peser sur l'enseignement supérieur. On avait apaisé les émotions étudiantes naissantes, en garantissant qu'on ne toucherait ni à l'absence de sélection à l'entrée à l'université ni au montant des droits d'inscription.

L'autonomie s'est trouvée alors parée des atours contradictoires que chacun voulait y voir. Les nostalgiques de 1968 et les rêveurs impénitents caressaient le mythe d'une autogestion enfin accordée. Les modernistes, de droite comme de gauche, se voyaient déjà à la tête de pôles d'excel-lence, délivrés d'une tutelle tatillonne et technocratique, les empêchant de grimper dans le classement de Shanghaï.

Certes, il y avait bien ce danger de pénétration plus massive de la société civile, donc des entreprises toujours suspectes, dans la pureté du monde des idées. Mais, là encore, des garanties furent données. Finalement, la plupart des établissements votèrent sans enthousiasme, mais sans fronde excessive, de nouveaux statuts conformes à la loi. Les Cassandre étaient seules. Et la ministre pouvait se réjouir d'une victoire facile et de la mission présidentielle accomplie.

C'était sans compter avec l'épine du statut des enseignants-chercheurs. En 1968, Edgar Faure, finaud, s'était bien gardé d'y toucher, en introduisant dans sa loi d'orientation la cogestion de tout : du budget, des études, de la recherche, par les différentes catégories de l'université (enseignants, administratifs, étudiants), à l'exception sacrée de l'évaluation et des carrières des enseignants, qui restaient leur domaine réservé.

Les socialistes de 1984 - égalitaristes à souhait sur la durée des services, au grand dam des professeurs titulaires, plutôt classés à droite - laissèrent prudemment subsister les principes essentiels des "libertés" universitaires : recrutement et jugement par les pairs, savant dosage de "qualification" par une instance nationale uniquement formée d'universitaires, élus et nommés, et élection par des commissions locales d'établissement. En confiant, malgré les laborieuses explications récemment données, l'essentiel de la gestion des carrières (modulation des services, évaluations périodiques, promotions) au président de l'université et à son conseil, le décret rompt avec ces équilibres traditionnels et déchaîne l'hostilité frontale, même parmi les partisans les plus habituels de la droite libérale, professeurs de droit en tête.

En soi, la prétention n'a pourtant rien d'exorbitant. On ne voit pas au nom de quel droit sacré ou de quel principe d'Ancien Régime, une instance dotée de pouvoirs de décision sur son avenir n'aurait pas la capacité de s'interroger sur la valeur et le destin de ses personnels.

Mais c'est là que l'erreur d'appréciation du gouvernement se transforme en faute politique. La ministre a négligé dans l'application de l'autonomie, ce que des décennies de malthusianisme budgétaire, de réformes pédagogiques hâtives, de dégradation matérielle et morale de la condition enseignante, bref de l'échec de la démocratisation de l'enseignement supérieur, avaient entraîné : le repli dans le localisme et le corporatisme. C'est une réaction de défense normale de toute communauté menacée dans sa légitimité et dans sa dignité.

En donnant à une autorité administrative (le président de l'université), fût-elle issue du sérail, la gestion des carrières, le décret ne change pas seulement le niveau de décision, il institutionnalise des pratiques jusque-là non écrites, dont les intéressés ont toute raison de croire qu'elles n'ont pas changé. La loi officialise et consacre le localisme et le corporatisme.

L'autonomie se mérite et surtout se prépare. Si l'on voulait absolument toucher aux carrières des universitaires, on aurait été mieux avisé de revaloriser leurs salaires et leur considération, d'unifier les corps d'enseignants et de chercheurs inutilement cloisonnés (titulaires du CNRS, de l'enseignement supérieur, maîtres de conférences, professeurs) et, pourquoi pas, d'organiser dans toutes les disciplines des concours nationaux de recrutement.

Au fait, pourquoi les professeurs de droit, si en pointe dans le combat actuel, ne rappellent-ils que, pendant longtemps, l'accès à la carrière s'est fait chez eux exclusivement par un concours d'agrégation ? Certes, pour éviter le départ précoce des meilleurs vers les grands cabinets d'avocats. Est-ce si spécifique de leur profession ? Et on ne sache pas que ces concours nationaux aient jamais empêché les mobilités ultérieures ni la formation d'équipes locales performantes.

Le statut des universitaires est un révélateur de la crise de l'institution. L'université n'a pas besoin d'un retour du jacobinisme ni d'une cure immédiate d'indépendance, mais d'abord de la considération matérielle et morale de la nation, autant que d'une prise de conscience interne de ses forces et de ses faiblesses. On ne réforme pas une société simplement par la loi, mais par l'espoir en soi et la confiance des autres. C'est ce dont manquent le plus les universitaires.
Guy Burgel est professeur à l'université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.

Article paru dans l'édition du 11.02.09

1 comment:

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