« Les Echos » en grève contre l'arrivée possible de Bernard Arnault
Article paru dans l'édition du 21.06.07
La rédaction du quotidien économique se mobilise pour garantir l'indépendance du journal, alors que la direction du titre reconnaît qu'un processus de vente est engagé
e quotidien Les Echos était absent des kiosques mercredi 20 juin. Réunie la veille en assemblée générale, la rédaction du journal économique, propriété du groupe Pearson, s'est mise en grève, fait rare dans la culture du journal.
La rédaction s'oppose au projet de vente du quotidien à Bernard Arnault, PDG de LVMH. « L'ensemble des personnels considère que cet acquéreur potentiel ne satisfait pas à deux exigences majeures : l'indépendance éditoriale et le maintien de l'emploi. Ils exigent aussi que ses représentants et ceux de la Société des journalistes soient étroitement associés à l'élaboration d'un dispositif garantissant l'indépendance des publications du groupe », a indiqué un communiqué diffusé, mardi 19 juin, par les salariés du groupe Les Echos, qui regroupe, outre le quotidien, le site Web, le mensuel Enjeux, des lettres professionnelles... « Une cession à LVMH, déjà proprié taire de La Tribune, porterait atteinte au pluralisme de la presse », ajoutent-ils.
Tandis que les rumeurs de vente du premier groupe de presse économique français sont récurrentes depuis plusieurs mois, l'éditeur britannique a confirmé, pour la première fois, mardi 19 juin, qu'un processus de vente était engagé. Dans un communiqué, Pearson indique qu'il examinera « si une éventuelle vente du groupe Les Echos pourrait créer de la valeur pour les actionnaires de Pearson, permettre à l'indépendance éditoriale des Echos de perdurer et à son personnel de prospérer avec un nouveau propriétaire ».
Mardi matin, au cours d'un comité d'entreprise, David Bell, président du groupe Les Echos et représentant de Pearson au conseil d'administration, a confirmé que le groupe Les Echos ne « rentrait pas dans la stratégie de marque globale » de l'éditeur britannique. « Pearson a émis trois conditions dans le mandat de vente : un bon prix, le maintien de l'emploi et de l'indépendance éditoriale », souligne un membre de la Société des journalistes (SDJ).
Le groupe Pearson a cité l'exemple de The Economist où un conseil des sages indépendant nomme la direction de la rédaction. Selon de nombreux journalistes, un tel dispositif, s'il était mis en place par le groupe de Bernard Arnault, ne serait pas de nature à rassurer la rédaction. La direction n'a en revanche pas voulu commenter les rumeurs sur l'ouverture de négociations exclusives avec le milliardaire français qui aurait fait une offre de rachat de 250 millions d'euros.
C'est la troisième fois dans l'histoire du journal, qui aura 100 ans en 2008, que les salariés votent la grève. Le dernier conflit remonte à 1988 en soutien à Jacqueline Beytout qui voulait vendre le groupe à Pearson, contre l'avis du gouvernement Balladur.
Une éventuelle cession des Echos à Bernard Arnault pose aussi des questions à La Tribune. Les salariés ont fait part, dans un communiqué publié, mercredi 20 juin, dans les colonnes du quotidien, de leur « grande inquiétude quant aux conséquences que pourrait avoir sur leur titre un rachat des Echos par leur propriétaire depuis 1993 ».
Reste à savoir si le groupe Pearson, qui pourrait s'allier avec General Electric pour racheter Dow Jones, l'éditeur du Wall Street Journal, peut se permettre de vendre Les Echos contre l'avis de sa rédaction. Une telle opération constituerait sans doute un mauvais exemple dans la perspective de cession, souvent évoquée, du Financial Times.
Pascale Santi
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Les salariés des « Echos » et de « La Tribune » surpris par les propos de M. Sarkozy
Article paru dans l'édition du 10.07.07
La Société des journalistes (SDJ) du groupe Les Echos s'est dit « surprise et déçue » par les déclarations de Nicolas Sarkozy sur les récents mouvements de grève aux Echos et à La Tribune. Dans une interview au Journal du dimanche du 8 juillet, le chef de l'Etat juge « extraordinaire (...) que les journalistes de La Tribune fassent grève pour que le journal ne soit pas vendu par Bernard Arnault et que ceux des Echos fassent grève le même jour pour que le journal ne soit pas racheté par Bernard Arnault », le patron du groupe LVMH. « Observation faussement naïve », note la SDJ des Echos. « Sauf à être mal informé, M. Sarkozy sait pertinemment que la préoccupation principale des salariés des Echos est le maintien de l'indépendance éditoriale », tandis que ceux de La Tribune « demandent des garanties qui assureront au titre un avenir viable » et « veulent être associés au processus de vente ».
Lire le blog en entier, pretty good
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